Compagnie Théatre 7
RUINES ROMAINES

de Philippe MINYANA
 

Les témoignages des spectateurs


Trois personnages sur la scène ... ils sont professeurs ou Conseiller d'Éducation (deux catégories qui échangent peu) mais peu importe. Leur vie professionnelle ne compte pas, seule m'intéresse leur vie intime faite de frustrations, de petites et grandes lâchetés, de misère existentielle. Juste assez caricaturaux pour que je ne puisse m'identifier à eux et suffisamment humains pour que je puisse m'y reconnaître !
L'une se soigne à l'homéopathie, l'autre part en cure pour ses bronches, le troisième promène depuis dix ans sa vieille mère infirme dans le sud de l'Espagne... charmantes vacances ! Peu à peu leurs blessures s'ouvrent et s'élargissent. Depuis son divorce, elle cherche vainement dans son milieu un nouveau compagnon, il ne supporte plus les odeurs intimes de sa fiancée (elle sent le céleri !) il baptise obsessionnellement "Paul" tous ses amants de rencontre (et jusqu'à son hamster). Comme ils se répondent toujours à contre temps, aucun dialogue véritable ne peut s'instaurer et, progressivement, tous s'enfoncent dans la solitude ou la cécité. Les voici donc, ces "Ruines romaines", métaphore de leur destin annoncé.
Pourtant mon plaisir a été gâché par une assimilation abusive: le Conseiller d'Éducation, homosexuel avéré, se cache dans les toilettes des garçons pour observer, sous couvert de discipline, les fesses désirables de ses élèves. Non, trois fois non ! L'homosexualité n'est pas la pédophilie ! Il y a des frontières à ne pas franchir .

Claude  LABERE (Passion Théatre)

 “ Je partage l’avis de ce spectateur “L'homosexualité n'est pas la pédophilie ” . L’ analyse de “ notre spectateur ” ne repose que sur une interprétation qui va au delà de nos intentions et de celle de l’auteur . Cette frontière n’a pas été franchie dans la mise en scène .”. Le metteur en scène Michel Boy .

Tout commence avant même d'avoir commencé. Par un brouhaha de collégiens bavardant et créant un bruit de fond avant le début d'un cours, j'ai été accueillie discrètement dans la salle de spectacle, presqu' à mon insu. Cela suffit à me replonger directement dans un univers écolier devenu depuis quelques années étranger .
Trois personnages, professeurs de collège et conseiller d'éducation. Un décor assez dépouillé constitué de trois objets métalliques devenant, par une subtile utilisation de la lumière, tour à tour cage à poule de cour d'école, barreaux de prison, décor de night club, croix du christ...Un choix de musiques évolue avec les situations et personnages, allant du disco lorsque les personnages se retrouvent dans un night-club jusqu' aux chants Grégoriens lorsqu'apparaît cette image du Christ crucifié.
Ils m'ont touchée, ces trois personnages, chacun prisonnier de son propre microcosme, de cette cellule aux murs invisibles où seuls les barreaux sont apparents, recherchant chacun l'amour par des chemins différents, des chemins parallèles qui se cherchent mais ne se croisent jamais. Ils évoluent côte à côte, se parlent sans s'écouter, se regardent sans se voir, s'aiment sans se le dire ou sans vouloir se l'entendre dire. Comme un miroir qui m'a remise face à tous mes non-dit, à tous mes silences, à tous ces moments où j'ai feint de ne pas comprendre que l'on m'aimait, comme un miroir qui me pousse à me dire : Pourquoi? Pourquoi ne pas accueillir le bonheur lorsqu'il est à côté de nous ?
Chacun est attiré par un amour qu'il ne peut avoir et tous devront porter leur croix seuls comme autant de Christ.

Mélanie  Sustersic (Passion Théatre) 

L'écriture de Philippe Minyana a toujours exercé sur moi attirance et perplexité. Et c'est d'ores et déjà ce que je ressens en contemplant le décor métallique de "Ruines Romaines" : une sorte d'escalier à cinq marches, une grille qui penche à la façon Tour de Pise et sur le sol rouge, des bandes noires qui pourraient représenter l'ombre de ces éléments si on les éclairait de fond de scène. C'est un univers qui me parait à la fois géométrique et brisé, structuré et déstructuré, en tout cas sombre, tourmenté. A l'instar des personnages qui font maintenant leur apparition après un noir très court et l'arrêt de la bande son me rappelant très nettement l'ambiance salle de profs ... Et ils sont trois, deux hommes et une femme, issus de ce milieu enseignant, qui vont, petit à petit, dévoiler leurs solitudes, leurs espoirs, leurs fractures psychologiques, oserais-je dire. Le caractère de ces personnages est fortement marqué, peut-être même un peu trop pour l'un d'entre eux, Morin, que j'aurais aimé plus nuancé de prime abord. Et chacun de s'agiter, de répandre ses petites plaies en de vaines discussions durant lesquelles aucun d'eux ne semble entendre l'autre. et de nouveau, je me sens partagé. A la fois, ces personnages m'attirent et m'apitoient avec leurs petites histoires tristes, leurs échecs, leurs errances, leurs existences subies et à la fois ils m'effraient et me repoussent avec cette exagération qu'ils mettent à étaler leurs états d'âme, dans l'incommunicabilité qui les caractérise. Je repense à certains de mes professeurs dont nous caricaturions les travers, mes camarades et moi. Sont-ils tous comme ça ?

Philippe  Perriard (Passion Théatre)


| Fermer |